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Formation Axes Sud 2005
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24 septembre 2005

A quoi ressemble la vie à Bruxelles ? Quelques portraits …

Loin de nous tailler des préjugés, les MBRAS se sont lancés à la recherche de repères pouvant nous aider à élucider cette problématique. La jeunesse bruxelloise pouvait seule apporter une réponse à cette question très pertinente.  Nous avons donc usé nos semelles sur les pavés bruxellois dans divers quartiers très contrastés de Bruxelles : Matonge – quartier Nord – Grand-place.  L’Europe nous attend encore…

Balade dans une ville où les gens sont pressés. Pourquoi sont-ils pressés ces gens qui n’ont pas beaucoup de temps à nous accorder ? Pourquoi s’empressent-ils plutôt que de s’intéresser à ce qui se passe, à savoir qui nous sommes ?   

Nous, les jeunes, interrogeons les jeunes sur ce qu’ils vivent, sentent ou contestent dans les quartiers qu’ils habitent.   Voici quelques portraits de personnes qui ont bien voulu livrer une petite part d’eux-mêmes.

            C’est un Matonge endormi qui nous accueille ce matin : la vie, la vraie se réveille à 17h avec les jeunes… alors il devient un quartier chaud, mouvementé. De part et d’autres de la voie, des commerçants arrangent leurs produits. Certains clients s’arrêtent ; regardent et obstruent la voie ; d’autres s’intéressent aux objets et les achètent. 

Visages fermés,  refus d’être interviewés, reporters mal à l’aise ! Impression d’un quartier où l’on n’a peut-être pas tous sa place.  Mais après un essai maladroit, chacun se sent plus à l’aise, quelques langues ont pu se délier et voici quelques portraits…


1- Je suis guinéen …

            Au bord de la rue, cinq jeunes passent leur temps à discuter. Nous nous approchons d’un jeune Malien et nous engageons la conversation.

« La vie est très difficile ici, je me bats très fort pour réussir. On m’a menacé plusieurs fois de quitter la Belgique mais je m’entête à y rester. Je reconnais que les Congolais et les Rwandais ne connaissent pas les mêmes problèmes que nous ; ils ont plus de facilités à venir en Belgique. »

- Quand comptes-tu rentrer ?

- Je ne sais pas encore.

- Voudras-tu nous permettre de prendre une photo avec toi ?

- Non.

Il disparaît!

Partager avec nous la voix qui sort des profondeurs de cette pierre. Tel est le souvenir qu’il nous laissera dans le cadre de notre randonnée.

2.  Je m’appelle Olivier, je suis Congolais, j’ai 29 ans.

Intrigué par notre démarche, il vient à notre rencontre.

« …Nous avons beaucoup parlé mais rien ne change et rien ne va se changer ; je pense que les riches tiennent le monde et n’ont pas la volonté que les choses changent. Et là qu’on ne se trompe pas, a- t-il insisté. Il a poursuivi en ajoutant :

« Il appartient aux riches de faire changer la situation car leur ferme volonté est de maintenir les pauvres dans leur pauvreté pour qu’ils vivent mieux.

- Comment le feront – ils sans intervention des pauvres ? Faut – il que les pauvres croisent leur bras pour attendre que les riches aient la volonté de changement voulu par ceux –ci ?

« Il faut que Dieu interviennent car c’est Lui qui a créé ce monde et Il connaît tout  ce qui se passe. Si Lui aussi veut que le monde change, ça changera. Par exemple comme en Belgique, il y a des choses qui sont permises tandis que les autres non. »

    3. je m’appelle Yolande, je suis Belge d’origine Camerounaise, j’ai 21 ans

« Je suis étudiante en médecine.  Mais je vais continuer en pharmacie.  J’habite Evere, mais je viens dans le quartier Matonge pour les courses et aller chez le coiffeur.  J’adore le cinéma et la danse.  J’aime être entourée de monde, rencontrer les gens.  Je trouve que les jeunes ont la parole, ont leur place : c’est plus la timidité qui freine les jeunes à prendre la parole. J’aime être belle, cela donne confiance en soi.  J’aime aller chez le coiffeur : c’est un lieu de rencontre, de paroles, chacun peut s’exprimer.  Se faire coiffer est un prétexte pour être avec les autres, recevoir des conseils…La coiffeuse est une personne importante. »

4. Jean-Baptiste NGANGAALIF, origine Congolaise, 24 ans

« Je suis coiffeur, artiste et musicien. Pour moi, Matonge est un lieu de commerce mouvementé, c’est le sens du mot Matonge.  On essaie de donner ici la même ambiance que celle du quartier de Kin, car on n’est pas des blancs et on a besoin de recréer l’ambiance.  Mon métier de coiffeur est un métier agréable, qui me permet de gagner de l’argent.  Le salon de coiffure est un lieu de retrouvailles : des congolais qui habitent l’Allemagne ou d’autres pays, viennent ici retrouver des gens qu’ils connaissent.  Mais je suis un commerçant et ce qui est important c’est de gagner de l’argent.  Il faut donc être sympa, bien accueillir le client, créer un lieu agréable, pas par amitié mais par sens du commerce.  Les blancs qui viennent ici ont des liens avec l’Afrique et viennent parce qu’ils aiment cette ambiance.  Pour moi l’Afrique, c’est le berceau de l’humanité.  La Belgique, c’est un pays libre où on a des droits, mais je préfère l’Afrique simplement parce que je suis africain.  Je suis ici parce que Dieu m’a envoyé ici.  Je suis musulman pratiquant, mais je regrette que dans les mosquées tout se prêche en arabe ; or,  c’est une langue que je ne comprends pas. Je suis aussi musicien. Jje cherche avant tout à faire de l’argent.  A travers la musique, il y a aussi l’envie de chercher l’immortalité.  Un des thèmes, c’est la « tristesse » par rapport à une vie qu’on n’a pas choisie.  La musique permet d’améliorer la vie.

Quartier Nord

5. Fahrid, 25 ans, Marocain belge. 

« J’ai la nationalité Belge mais je suis d’origine marocaine.  Le Maroc pour moi, c’est les vacances.  J’y vais aussi pour faire plaisir à mes parents.  Je parle l’arabe.  Je pense qu’un grand problème à Bruxelles, c’est le manque de travail.  Beaucoup de jeunes du quartier galèrent. Une fois les études finies, il n’y a plus d’accompagnement. Il manque d’encadrement dans les démarches à faire.  J’ai fait un graduat en informatique mais j’ai dû accepter un autre travail : je suis employé dans un magasin.  Je n’ai pas eu le choix, mais je continue à chercher dans le domaine de l’informatique.  Mon loisir, c’est mes amis. »

6. Couple anonyme 27 ans.

« J’habite Jette et je viens ici pour trouver des spécialités marocaines. Ce n’est pas pour moi un lieu de rencontre.  Le problème dans la société, c’est le manque de respect : mais cela vaut pour tous, y compris pour les marocains qui vivent ici et qui manquent de respect aussi.  Ma femme est marocaine et est depuis 1 an en Belgique.  Elle suit des cours de français. Nous avons choisi de vivre en Belgique.  Si j’avais le choix, je souhaiterais vivre au Maroc, mais dans un Maroc avec les lois sociales belges.  Ici il y a beaucoup de marocains qui viennent sans papiers, vivent de commerces illégaux.  Je n’aime pas.  Il vaut mieux qu’ils cherchent un travail correct au Maroc.  Je n’aime pas non plus les marocains d’ici qui économisent sur tout, vivent comme des clochards pour économiser afin d’aller en vacances au Maroc. Pendant deux mois, ils se montrent là-bas comme des riches. Cela donne une fausse image de la vie en Belgique et encourage une émigration basée sur une image fausse. »

L’équipe du MBRAS a fait une petite incursion dans une manifestation un peu particulière : Tour et taxis rassemble pour deux jours la grande famille des sourds de Belgique !  Tiens, tiens ! Y aurait-il quelques affinités particulières dans le groupe…  Rachida, où es-tu ?

7. On m’appelle Rudy – je suis Belgo- Congolais. J’ai 24 ans

Il garde encore son identité de sourd alors que nous avons fait un entretien audio sonore avec quelques difficultés mais bien réussi.

- Est-ce que les jeunes sourds ont encore la parole aujourd’hui ?

- trop d’incompréhension existe encore aujourd’hui…

Je vous jure, Alphonse est resté suspendu aux lèvres de Rudy  et surtout Rudy aux lèvres d’Alphonse qu’il essayait de déchiffrer.  Tête droite, Alphonse, …

Enfin bref, il a aussi oublié d’emmagasiner les propos très intéressants de Rudy à une question posée en toute simplicité.

Et la photo, Alphonse… Où est la photo ????

8. Moi, c’est Delphine et moi c’est Caroline, Belges.

« Nous sommes sourdes, cela ne nous pose pas de problèmes, nous sommes heureuses.  Nous sommes toutes les deux de famille sourde.  La surdité est héréditaire dans nos familles.  Ce n’est pas une maladie. » 

Delphine a fait une expérience cet été au Burkina Faso, mais c’était trop court.  10 jours cela permet à peine d’entrer en contact avec les autres.  Elle est partie dans le cadre d’un projet de chantier, mais il n’y a pas eu ou très peu d’échanges avec les jeunes sourds du Burkina.  Ils étaient occupés aux cuisines et les Belges au chantiers et donc il y a peu d’occasion de contacts. Mais elle a vraiment envie de refaire une expérience de ce genre, mais alors d’un mois.

Barnabé tenté une déclaration d’amour… mais sans succès…  C’est vrai qu’elles sont jolies, mais Barnabé ne veut pas s’encombrer d’une interprète.  Alors il a tourné sa flamme vers Rachida : autant commencer par une entendante qui connaît la LS.

Quartier Grand place :

9. je suis Khalil. J’ai 23 ans.

« Je suis étudiant en communication.  Je suis franco-marocain.  Je suis en Belgique depuis 3 ans. Je suis content.  Le niveau de vie en Belgique est plus satisfaisant qu’en France.  Le seul point négatif, c’est la propreté.  La ville est très sale. Sinon, c’est bien. »

10. Marc 24 ans

« Je suis d’origine française.  J’ai eu l’opportunité de travailler à Anvers : la culture flamande, c’est difficile.  Bruxelles n’est pas une ville belge, c’est une ville européenne : il y a un grand brassage de cultures.  Point négatif : le réseau des transports en commun à Bruxelles est pas très performant.  Mais je ne resterai pas en Belgique : j’ai envie de me lancer dans la culture du vin. »

11. Redouan et Mohamed, animateurs de l’association Interpôle, quartier Annessens.

Coincé entre la gare du midi et le centre ville, le quartier Annessens est un quartier populaire composé en grande partie d’une population musulmane. A côté de la place Roupe se trouve l’ASBL « Interpôle », une association qui a pour mission la promotion sociale par l’action culturelle et communautaire. Elle aide les jeunes du quartier ou d’ailleurs qui désirent s’impliquer dans un projet.

Mohamed et Redouan sont responsables de cette maison de quartier et sont eux-mêmes jeunes et issus du quartier.

Mohamed : « Je suis content de travailler ici. A la base on n’avait pas de contrat d’animateurs et donc pas de statut ; Maintenant c’est différent, On est reconnu. On peut faire un travail utile et en même temps en vivre et être payé ».

Redouane poursuit, « c’est d’autant mieux qu’on est subsidié pour des projets très intéressant. Là, on est sur un projet d’atelier d’écriture avec les jeunes du quartier qui vont lire des témoignages d’enfants de Tanger au Maroc qui désirent passer la frontière et vivent dans des conditions difficiles avec les tracasseries policières etc. On est reconnu, et les jeunes avec qui on travaille sont différents et nous apporte leurs différentes expériences ».

L’impression générale que nous laisse cette association est positive, on voit que les jeunes ont prit possession de l’initiative et en sont les principaux et uniques acteurs. Comme le dit Mohamed :

« Une maison de jeunes, c’est fait pour les jeunes donc il est logique qu’elle soit gérée et tenue par des jeunes ».

Conclusion :

Passionnant travail ; découverte de la ville à travers ses habitants, les MBRAS ont exploré même les profondeurs cachées de certains coins de ces différentes villes. La fatigue, maux de pieds après tant de fatigue, la ville a apporté des questions sans réponses ; personne n’a été indifférent. Cette traversée a-t-elle renforcé en nous les clichés longtemps intériorisés ou  les a-t-elle façonné pour de nouvelles perspective ?

Que la parole des jeunes s’exporte ! Faut que çà bouge !

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